Le dripping, c'est quand le peintre applique de la couleur par projection, éclaboussure ou coulure sur le support plutôt que par coup de pinceaux. Ces projections de peinture acrylique forment ce que l'on appelle des drips. D'ailleurs le nom vient du verbe "to drip" en anglais dont la traduction est "gouter", "écouler". Popularisée par Jackson Pollock dans les années 1940, cette technique picturale a révolutionné l’art contemporain en offrant une liberté gestuelle sans précédent. Aujourd'hui, le dripping reste une pratique artistique vivante et dynamique, adoptée par de nombreux artistes contemporains qui cherchent à combiner spontanéité et maîtrise technique.
Le dripping trouve ses racines dans l’expressionnisme abstrait, un mouvement artistique né aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Jackson Pollock, l’une des figures de proue de ce mouvement, a largement contribué à la popularisation du dripping avec ses célèbres "action paintings". Sa méthode consistait à disposer une toile au sol et à y projeter la peinture de manière quasi chorégraphique. Avec cette méthode, il créait des toiles dans lesquelles la dynamique du geste était aussi importante que le résultat visuel qui comportait lui une forme de chaos.
Outre le peintre américain Pollock, d'autres artistes ont exploré cette technique, chacun à leur manière. Sam Francis, par exemple, utilisait le dripping pour injecter des éclats de couleurs vives dans ses œuvres, résultant ainsi sur des toiles plus colorées.
Ces dernières années, le dripping a également connu un regain de popularité sur les réseaux sociaux grâce à des vidéos virales de "pendulum painting". Cette méthode consiste à suspendre un seau de peinture perforé à une balançoire ou un pendule, laissant la gravité et le mouvement créer des motifs circulaires sur des toiles souvent XXL. Ludique et visuellement saisissant, ce procédé moderne rappelle la dimension expérimentale et spontanée du dripping tout en apportant une touche contemporaine à cette technique historique.
Tout d'abord, oubliez l'idée de travailler avec de la peinture industrielle telle quelle, il faut jouer avec la viscosité de celle-ci. Pour cela, on mélange l'acrylique avec divers liquides allant de la simple eau, à des médiums chimiques plus complexes en fonction de l'effet recherché (colle, médium filant, etc.). Une peinture trop fluide entraîne des coulures incontrôlables et accentue le chaos. À l’inverse, une peinture trop épaisse telle que celle qui sort du tube limitera la dynamique des projections.
Aussi simple que le geste puisse paraitre, le dripping n’en nécessite pas moins une certaine maîtrise technique pour réussir à créer la forme désirée sur le tableau. Avant de réussir à obtenir de belles courbes, l'artiste débutant passe par de simples lignes, voire des points. Et je ne vous parle même pas de quand votre vision fait que vous souhaiteriez restreindre les drips dans une portion de toile. Pour ma part, il m'a fallu faire un vrai travail sur l'impulsion du mouvement pour réussir à créer les courbes longilignes et élégantes que j'imaginais. C'est aussi par ce travail que petit à petit, on apprend à légèrement dompter l'aléatoire, bien qu'on ne puisse jamais totalement maitriser.
Un dernier élément important dans le dripping est qu'il va bien au-delà du peintre et son pinceau : on peut peindre avec énormément d'objets qui apporteront chacun un trait particulier. La seringue ou le spray créeront un réel effet de projection, des ustensiles plus longs tels que des chainettes ou des cordes peuvent accentuer un mouvement, etc.
Dans ma pratique artistique, le dripping occupe une place particulière. Contrairement aux œuvres fréquemment chaotiques associées à cette technique, j’utilise le dripping en finition de mes créations, comme une touche finale destinée à réveiller mon projet. J’aime apporter de la dynamique à mes œuvres sans pour autant créer de désordre. J’opte donc pour une approche plus maîtrisée, en choisissant avec soin les couleurs complémentaires qui viendront injecter de l’énergie à ma toile, lui apporter un petit coté pop. Ma méthode de "dripping par projection" consiste ainsi à préparer la toile avec une composition déjà établie, puis à utiliser le dripping pour apporter de la spontanéité dans des zones précises. Cette dualité entre maîtrise et lâcher-prise permet d’obtenir des œuvres équilibrées, où chaque projection de peinture a un rôle spécifique.